En ce 3 novembre 2017, Tariq Abdul-Wahad fête son 43ème anniversaire. Si le français n’a jamais confirmé tous les espoirs placés en lui à ses débuts, il reste aujourd’hui et pour toujours, le premier tricolore à avoir foulé un parquet NBA.

Né le 3 novembre 1974, Olivier Saint-Jean (son nom de naissance) a grandi en région parisienne, plus exactement à Versailles. Il débute sa formation basket en France, et notamment à l’Amicale Laïque d’Évreux, en Normandie, où il est scolarisé au lycée Aristide Briand, l’homme qui a porté la loi de 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Une coïncidence annonciatrice d’une carrière pleine de contradictions pour ce jeune homme qui se convertira à l’Islam et deviendra Tariq Abdul-Wahad en 1997. Il répond encore au nom d’Olivier Saint-Jean quand, tout juste majeur, il décide de partir tenter l’aventure américaine en 1993 ! Un choix peu commun pour l’époque. C’est à l’Université de Michigan qu’il effectue ses années freshman et sophomore mais il doit attendre de rejoindre l’Université de l’Etat de San José lors de son année junior pour exploser ! Il réalise ensuite une année senior exceptionnelle avec presque 24 points de moyenne à 50% au tir. La hype monte autour de lui, et il est sélectionné en 11ème position de la Draft NBA 1997 par les Sacramento Kings. Le 11 novembre de la même année, il devient le tout premier français de l’histoire à jouer dans la Grande Ligue.

Malheureusement, en NBA, il ne parvient jamais à s’imposer, mis à part sous le maillot du Magic d’Orlando, sous les ordres de Doc Rivers, en 1999-2000, une parenthèse enchantée qui ne durera que 46 petits matchs avant qu’il ne soit transféré à Denver. Petit ailier ou deuxième arrière, il fait pourtant étalage de ses qualités athlétiques et défensives. Mais entre blessures et mauvaises relations avec ses coaches, il ne trouve jamais sa place outre-atlantique et termine sa carrière dans l’anonymat, à Dallas, après deux ans sans jouer. La franchise de Mark Cuban évoque alors une blessure, lui s’en défend. On ne saura jamais vraiment. En tout état de cause, la carrière NBA de Tariq Abdul-Wahad laisse un goût amer, tout comme son histoire avec l’Equipe de France. Dotés d’une génération exceptionnelle emmenée par Abdul-Wahad et portés par l’enthousiasme généré par les footballeurs champions du monde en 1998, les Bleus de 1999 terminent quatrièmes de l’Euro organisé en France, alors qu’il avaient tout pour le gagner. Mais les tensions au sein du groupe ont brisé les rêves tricolores. Dénonçant le racisme ambiant au sein de la fédération, Tariq ne sera même pas de la magnifique épopée des Jeux Olympiques de Sidney en l’an 2000, où la France décroche la médaille d’argent contre toute attente. Encore un rendez-vous manqué. Mais qu’importe, Tariq Abdul-Wahad demeure un formidable pionnier, ouvrant les portes à tous les gosses de l’hexagone qui partagent le même rêve que lui, jouer en NBA.

La question : Quels souvenirs gardez-vous de Tariq Abdul-Wahad ?

86 commentaires

  • Il a fait explosé l’intérêt des fans français pour la NBA. J’ai commencé à m’intéresser à la NBA à peu près au retour de Jordan aux Bulls en 95, et quand 2 ans plus tard Tariq Abdul Wahad est arrivé à Sacramento, c’était énorme. Avant, on n’avait pas de point de comparaison entre le niveaux des français et celui des américains, à part des hypothèses (sur Dubuisson par exemple) et la NBA semblait inatteignable. Avec lui, on a pu voir un vrai joueur NBA français (avec une carrière NBA malchanceuse mais très respectable cependant).
    Il est arrivé au moment où la NBA devenait populaire partout dans le monde (en grande partie grâce à Jordan), avec de plus en plus de joueurs étrangers. Au moment où la NBA voulait atteindre le reste du monde, il a été pour la France, celui qui a rapproché la NBA de France.
    C’était hyper enthousiasmant de le voir péter des dunks à Sacramento, défendre comme un arracheur de dents à Orlando, et à Dallas, y avait l’espoir de construire une bonne équipe.
    C’était cool de se lever à 2h du mat le jeudi soir pour voir le match de canal et savoir ce qu’avait fait Tariq Abdul Wahad cette semaine.

  • Une rencontre en 2002 à Temple sur Lot lorsqu’il avait fait le choix de repasser en équipe de France A’ après ses problèmes avec Jean Pierre de Vincenzi. A l’époque la presse française lui taper un peu dessus et son statut nous effrayait un peu, mais à la fin du stage on s’est décidé à aller le voir. Il s’est assis avec nous sur un banc avec nous et a passer un dizaine de minutes à parler avec nous tranquillement en attendant le départ. On avait 13 ans, une simple photos ou un autographe nous aurait suffit et lui a pris le temps de discuter avec trois gamins de la campagne… Je garde le souvenir d’un mec intéressant, humble et ouvert qui ne parlait pas que de basket. Niveau basket c’était un monstre athlétique comme on en avait jamais vu et un super défenseur sur l’homme ! Ça restera celui qui a ouvert la voie et il n’est pas assez reconnu pour ça à mon gout… Il est aussi le premier à avoir permis à une marque Française (Dia à l’époque) d’avoir une porte d’entrée en NBA. La fédération a merdé avec lui, un mec comme ça aurait du être impliqué au niveau décisionnel dans le basket Français.